L’eczéma touche jusqu’à 20% de la population pédiatrique et son incidence continue à augmenter. Débutant tôt dans la vie, il persiste à l’âge adulte dans près de 50% des cas, ce qui a conduit à une recherche intensive sur sa prévention. Par ailleurs, 2,6% de ces enfants vont développer une ou plusieurs comorbidités atopiques, telles que l’asthme, la rhinite allergique ou une allergie alimentaire (2). Ces chiffres situent l’intérêt de l’étude BABY (Barrier dysfunction in Atopic newBorns), qui a analysé une cohorte de 450 nourrissons (300 nouveau-nés à terme dont 34,6% ont développé une dermatite atopique, et 150 nouveau-nés prématurés dont 21,2% ont développé une dermatite atopique) pour déterminer si la barrière cutanée et les biomarqueurs immunitaires pouvaient prédire l’apparition et la gravité de l’eczéma au cours des 2 premières années de vie.

Pratiquement, l’équipe danoise qui a effectué cette recherche sous la direction de Anne-Sofie Halling (Copenhague), a utilisé des bandes de ruban adhésif pour collecter de manière indolore et non invasive les cellules de la peau du dos des mains des nourrissons à 0-3 jours et 2 mois chez les enfants nés à terme et de la peau entre les omoplates à l’âge de 2 mois chez les enfants prématurés. Les bandelettes ont été analysées pour les biomarqueurs immunitaires et les nourrissons ont été suivis pendant les 2 années suivantes. Au total, lorsque ces nourrissons présentaient des taux élevés de TARC (Thymus and Activation-Regulated Chemokine, un biomarqueur fiable de l’atopie chez l’adulte et l’enfant) (3) à 2 mois, les prématurés étaient plus de deux fois plus susceptibles de développer un eczéma à l’âge de 2 ans (Figure 1) et les enfants nés à terme 4 fois plus. Ce risque persistait après ajustement pour l’atopie parentale et les mutations du gène de la filaggrine.

 

Figure 1: Risque de développer une dermatite atopique et taux de TARC

 

Cette étude a également montré une association positive entre le taux de TARC et la gravité de l’eczéma. Deux autres biomarqueurs – l’interleukine (IL)-8 et l’IL-18 – ont également été associés à un eczéma modéré à sévère dans l’étude.

Première étude à montrer que des biomarqueurs cutanés collectés de manière non invasive peuvent être utilisés pour prédire longtemps auparavant l’apparition et la gravité ultérieures de l’eczéma atopique de l’enfant, BABY devrait permettre d’étudier et de créer de nouvelles stratégies préventives en cas de taux élevés de TARC.

 

1.    Halling AS. Skin biomarker changes precede the development of atopic dermatitis during the first 2 years of life. EADV 2022.
2.    Kowalska-Olędzka E, et al. J Drug Assess. 2019 Jun 12;8(1):126-128.
3.    Leung T, et al. J Allergy Clin Immunol. 2004 Jul;114(1):199-202.