Une localisation qui met la puce à l’oreille

 [Département Interhospitalier de Dermatologie CHU Brugmann, CHU St-Pierre, HUDERF, ULB]

Un homme de 43 ans, d’origine marocaine, diabétique de type 2 non insulinorequérant, a été adressé pour des lésions cutanées prurigineuses rétro-auriculaires et pariétales gauches, d’apparition progressive depuis 3 mois. Antibiotiques locaux et systémiques, antiviraux (aciclovir) et antihistaminiques sont restés inefficaces.

Cliniquement, nous observons une dizaine de nodules cutanés de 3-5mm de diamètre, groupés en «grappe de raisin», de couleur chair, avec croûte hémorragique centrale (Figures 1 et 2). Des adénopathies cervicales homolatérales sont palpées.

          

La biopsie cutanée a montré sur toute la hauteur du derme jusqu’à l’hypoderme, de nombreux capillaires dilatés, certains bordés par des cellules endothéliales épithélioïdes, autour desquels se disposait un infiltrat inflammatoire massif constitué de lymphocytes, histiocytes et innombrables polynucléaires éosinophiles (Figure 3). La cytoponction ganglionnaire a montré une adénopathie réactionnelle. 

Diagnostic: hyperplasie angiolymphoïde avec éosinophilie (HALE), aussi appelée angiome épithélioïde.

Cette tumeur bénigne de la peau et/ou des tissus sous-cutanés se localise préférentiellement dans la région de la tête et du cou et typiquement dans la zone rétro-auriculaire. Elle est composée d’une prolifération de capillaires dont certains présentent des cellules endothéliales «épithélioïdes» (élargies, à grands noyaux ovoïdes et à cytoplasme éosinophile) et d’un contingent variable de cellules inflammatoires. Il n’est pas déterminé s’il s’agit d’une véritable néoplasie ou d’un processus réactionnel. Un antécédent de traumatisme est parfois rapporté, ce qui n’était pas le cas ici. Une malformation vasculaire sous-jacente doit être exclue, ce qui a été réalisé au moyen d’une échographie Doppler chez ce patient. Des adénopathies satellites sont possibles, mais sont toujours réactionnelles. Une éosinophilie sanguine peut être observée et s’élevait à 490/μl chez ce patient. Compte tenu de la localisation et du nombre de lésions, un traitement par injections intralésionnelles de triamcinolone 10mg/ml a été proposé au patient.

Remerciements au Dr Godefroid Bugingo pour nous avoir adressé le patient.

Références
1.    North PE, Kincannon J. Vascular Neoplasms and Neoplastic-Like Proliferations. In: Bologna JL, Jorizzo JL, Schaffer JV, editors. Dermatology [Internet]. 3rd ed. St Louis: Elsevier Saunders; 2012 [cited 2017 Feb 19]. Available from: Ebook Library.
2.    Connective tissue tumors. In: Calonje E, Brenn T, Lazar A, McKee PH, editors. McKee’s Pathology of the Skin [Internet]. 4th ed. Elsevier Saunders; 2011 [cited 2017 Feb 19]. Available from: Ebook Library.
3.    Guo R, Gavino ACP. Angiolymphoid Hyperplasia With Eosinophilia. Arch Pathol Lab Med 2015;139(5):683-6.
4.    Adler BL, Krausz AE, Minuti A, Silverberg JI, Lev-Tov H. Epidemiology and treatment of angiolymphoid hyperplasia with eosinophilia (ALHE): A systematic review. J Am Acad Dermatol 2016;74(3):506-12.
 

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